Le mot de France Guillain
Un trésor entre nos mains!
1951. J’avais neuf ans. Accroupie sur le sable au milieu de l’immense Océan Pacifique, je scrutais du regard l’horizon. Le bateau allait-il apparaître? Le bateau venu de la France avait parcouru 20 000 km, en 45 jours. La moitié du tour du monde, jusqu’à Tahiti. Le bateau qui m’apportait mon premier globe terrestre.
Sur ce globe, entre mes mains d’enfant, notre île, avec ses montagnes de plus de deux mille mètres, avait exactement la taille d’un grain de sable.
Je rêvais d’être grand poisson et oiseau du large pour partir, partir!
L’école était le seul lien avec le reste du monde. On y apprenait les misères, les guerres, mais aussi toutes les grandes découvertes, de l’autre côté de la terre, ces pays où les gens marchent la tête en bas!
Alors, à neuf ans, j’ai dit à mon père: un jour je trouverai quelque chose qui sera bon pour l’humanité. Mon père me répondit: tout a déjà été inventé, il n’y a plus rien à trouver. Mais, obstinée, j’ai répondu: ça ne fait rien, j’irai au pays des grandes inventions et je trouverai.
2014. Je n’ai rien inventé. Ou plutôt si, car étymologiquement, inventer signifie mettre au jour, découvrir, sortir de l’ombre, mettre en lumière.